above us only sky (aaron)

Il fait nuit, il est probablement autour des 23h, minuit, c'est un mardi soir et les rues sont plutôt calmes dans le vieux Lyon. Ils ont écumé quelques bars, bu des bières, pour finalement acheter une bouteille de rhum et de jus de fruit dans une épicerie ouverte. Ils ont réussi à soutirer deux gobelets à un kebab pour seulement 50 centimes chacun. Avec leur dégaine de hipsters, le propriétaire avait aucune envie de leur refiler quoi que ce soit de gratuits, il s'était même montré légèrement arrogant avec eux pendant les négociations, mais Sacha et Aaron avaient décidé de ne pas s'énerver, ils avaient payés leur deux pauvres gobelets avant de reprendre la route en rigolant, déjà un peu ivres. Ils forcèrent la porte d'un immeuble ancien en l'ouvrant d'un coup d'épaule et escaladèrent les escaliers qui menaient au sommet. Ils savaient qu'il y avait ici un accès au toit, et que de là haut, ils auraient une des plus belles vues de Lyon. Sans bruit, ils refermèrent la porte derrière eux avant de prendre place plus ou moins adroitement, s'asseyant sur le toit plat du bâtiment seulement haut de quelques six étages.  Sacha s'assoit et soupire de soulagement, content qu'ils aient enfin atteint leur but. Il fait un peu froid mais il est suffisamment couvert, et il sait que dans quelques minutes la chaleur de l'alcool le réchauffera un peu plus et qu'il s’accommodera de la légère brise nocturne et hivernale qui flotte autour d'eux. Il ouvre la bouteille de rhum pour en boire une gorgée, directement au goulot, il l'avale aussi sec avant de la tendre à Aaron et de finalement sortir les gobelets et la bouteille de jus de fruit de son sac. " Tu bosses pas demain ? " demande-t-il, et au fond, c'est pas qu'il s'en fiche mais il sait très bien qu'à ce stade de la soirée et vue leur état déjà avancé d'ébriété, Aaron n'est pas prêt de rentrer et qu'ils vont probablement se lever le lendemain avec une bonne gueule de bois et un mal de cheveux prononcé. C'est pas la première fois que ça leur arrive de se cuiter en pleine semaine, juste tous les deux, juste pour le plaisir de se voir et de se marrer. " Cet enfoiré nous a quand même fait payer nos gobelets sous prétexte qu'on avait l'air de deux tarlouzes blindés, d'ailleurs je trouve ça très légèrement offensant... Maintenant que j'y pense, " il tend son gobelet à Aaron pour se faire servir une dose de rhum et il ouvre le jus de fruit pour en verser un peu. " J'te rassure, si j'étais homo tu serais pas mon genre, t'es un peu trop... poilu, bon mais si j'étais une nana par contre, jsais pas... " dit-il avant de se marrer. Et puis une question lui vient subitement à l'esprit " si t'étais une meuf tu voudrais coucher avec moi ? "  

une soirée comme tu les aimes, simplement, doucement, énergiquement. elle vient s'étendre devant tes yeux pour ton plus grand plaisir. il doit maintenant être près de minuit, quelque chose comme ça quand vous décidez de continuer, que vous décidez de prendre de la hauteur. c'est comme ça que vous vous retrouvez à ouvrir une porte, du moins, à la forcer, jusqu'à ce qu'elle cède sous un coup d'épaule bien placé par ton collègue. vous montez jusqu'au toit où vous vous installez confortablement. tu ne refuses pas la bouteille, que tu portes immédiatement à tes lèvres pour laisser le liquide s'envenimer délicatement. t'es déjà pas fraie, pire, tu places déjà un peu, tu survoles lyon, t'as l'impression d'être totalement libre. ça fait un bien fou, ce dont tu avais besoin. vous avez l'habitude de ce genre de soirée avec sacha, vous retrouvez pour boire pour vous levez avec un mal de crâne à s'enterrer vivant. « j'sais pas, j'crois que j'suis de l'aprem ...  » t'hausses les épaules, qu'est-ce que tu t'en fiches au fond, d'bosser, tu sais que c'est mort là, vous y êtes pour au moins jusqu'à trois quatre heure du matin, à vider la bouteille à deux. ouais, vous allez mal finir, vous allez vous saouler, vous parler et dormir. « il l'avait de la chance celui là ... de la chance que je sois trop bourré pour m'énerver. » ouais, t'as eu cette envie de lui faire comprendre qu'il pouvait se taire, immédiatement, ou ta droite aller rencontrer sa face. seulement, l'alcool te faisait te radoucir, t'apaiser. seulement, si ça s'envenimer, tu rentrais dans l'tas et peu de personne pouvait t'arrêter dans ce cas. tu prends un gobelet, tu sers du rhum, une bonne dose, et tu fais pareil avec l'autre pendant que sacha les remplis d'orange. « non mais poilu, tout de suite ! ... tu sais pas, genre t'hésites ? parce que si on fait un sondage, je suis plutôt dans le côté : sexy beau gosse, tu vois ? » tu te jettes pas des fleurs, tu hausses même les épaules, non, t'es simplement bourré en fait, totalement et trop bourré pour raisonner. alors tu parles, oui, tu parles sans vraiment t'arrêter. et tu lui réponds, surtout. tu le regardes devant sa dernière question, tu portes ta main vers sa face que tu bouges, lui faisant tourner la tête et te permettant de l'observer sous un différent jour. « j'sais pas hein ... mais j'pense que tu m'exciterai ouais, c'est possible. le blond, le côté blond ça fait toujours de l'effet. mais maintenant que j't'aie répondu, tu dois faire pareil ... attends, non, je m'en fou en fait, j'veux savoir autre chose par contre ... » tu prends une bonne gorgée d'alcool avant de poser ta question. « t'es bien entouré en ce moment ? ouais, j'me demandais, si tu voyais des femmes un peu. » 

Sexy beau gosse. Sacha rit en l'entendant prononcer ces trois mots, il sait qu'Aaron n'est pas totalement sérieux, qu'il n'est pas vraiment du genre vantard, que c'est probablement l'alcool qui parle à sa place, ou tout simplement son humour. Il fait la grimace quand Aaron vient toucher son visage pour le regarder sous tous les angles, il se marre encore en l'entendant et il boit une longue gorgée de rhum orange, il écoute la question que souhaite lui poser son ami et ça l'étonne un peu qu'il en vienne à ce sujet là comme ça, de but en blanc, comme si il avait besoin d'une réponse particulière, comme si il avait attendu un peu trop longtemps pour la lui poser. Sacha hausse les sourcils et pose son gobelet, il tire tranquillement sur sa clope " Tu te demandais si je voyais des nanas ? Pourquoi tu te demandais ça ? " il lui retourne la question, un sourire taquin sur les lèvres, il se demande bien ce qu'Aaron peut avoir derrière la tête. Peut-être qu'il voudrait lui présenter une fille et que c'est pour ça qu'il s'assure qu'il ne voit personne ? Ou peut-être que c'est totalement autre chose. " Bah, tu sais... J'vois des filles comme ça, mais rien d'officiel, vraiment... " s'explique-t-il, et c'est à peu près tout ce qu'il peut dire. Il ne voit personne, officiellement. Aucune fille à l'horizon. Enfin, c'est sans compter Andrée, mais Andrée elle fait partie du tableau depuis des années, ce n'est pas pareil, ils ne sont pas en couple, ils n'ont même jamais vraiment parlé de leur relation. C'est assez étrange, entre eux. Si Aaron est au courant ? Probablement, ou peut-être qu'il ne sait pas tout, qu'il se doute mais ne réalise pas vraiment, peut-être même qu'il ne sait rien, finalement... Aucun mot n'avait jamais vraiment été posé. " Et toi ? Tu vois des nanas ? " il demande, il ne sait pas trop quel genre de réponse il attend, mais il adore quand Aaron lui raconte ses histoires de gonzesses, il est à peu près sûr de se marrer à chaque fois. Aaron est plutôt du genre tombeur et au final, il a raison, il se range totalement dans la catégorie beau gosse sexy. " Allez, j'te connais, qui est-ce qui fait chavirer ton coeur, Aaron Vaudeville ? "

tu gardes le gobelet dans tes mains alors que tu reposes enfin la bouteille par terre, juste entre vous. tu sais pas pourquoi tu demandes des trucs comme ça, mais tu le demandes. un peu comme si tu voulais savoir ce qu'il se passe côté vie amoureuse, parce que souvent, ça parle de toi, ça parle souvent de toi, parce que toi, t'es trop libre, trop partout et en même temps nul part. « j'sais pas, j'me demande, c'est tout. t'sais, des fois, t'as des trucs dans la tête, tu sas pas pourquoi. bah voilà.  » t'hausses les épaules, une nouvelle fois, puis tu bois une nouvelle gorgée. tu tentes pas de te justifier, de trouver une bonne excuse parce que tu n'en as pas finalement. aucune. finalement, la conversation revient vers celui que tu considères comme un frère. il t'annonce que non, et t'es déçu, forcément, t'as envie que ce soit oui, t'as envie qu'il ramène une femme, une petite nana qui viendrait le faire sourire, le faire rêver, parce que tout ce que tu veux pour sacha, c'est son bonheur. t'es peut-être trop bienveillant. puis en quelques secondes c'est ton tour, de parler, raconter. au fond, tu pourrais lui en dire des choses, réellement. « tu sais très bien qu'il y en a pas qu'une qui fait chavirer mon coeur ... j'pourrai te parler de cassie pour commencer. j'l'ai vu, enfin, elle a débarqué chez moi et la suite des événements est la même. j'ai donné, elle a pris et elle est partie. rien d'extraordinaire. ah si, peut-être quelque chose. marie. elle est ... waouh, j'crois que j'ai craqué dessus ... pour de vrai hein, j'sais pas si j'devrais, peut-être trop jeune. mais elle est indescriptible, j'ai rien fais encore hein j'te vois venir, juste parlé, quelques mots. bon, en fait, j'ai peut-être vu trop de monde ... parce que j'ai croisé la route d'andrée, de romy, aah et il y a une autre personne aussi, ava. une brune, magnifique, mais j'pense qu'il ne se passera rien entre nous. » tu fais mine de réfléchir à tout ça, en vrai, t'es peut-être un coureur de jupon, ou alors t'es réellement faible devant toutes ces femmes. ton coeur se laisse avoir, il s'amourache, se passionne pour finalement oublier. t'es peut-être pas normal. tu penses, t'es parti dans tes pensées avant d'entrevoir sacha, il est pensif lui aussi. « tu penses à quoi là ? » simple curiosité de ta part, parce qu'il semble réellement perdu dans ses pensées, à moins qu'il est bloqué sur quelque chose. a moins que ce ne soit l'alcool qui te donne des hallucinations. déjà ?

Ouais, des fois y a des trucs qui restent dans la tête. Sacha voit bien de quoi il parle, même si avec sa nonchalance légendaire on a toujours tendance à croire qu'il se préoccupe pas de grand chose et que tout roule pour lui comme sur des roulettes. En réalité, il ne se plaint pas, il n'aime pas se plaindre, il prend les choses comme elles viennent, il trouve ça plus simple et puis, le fait est qu'il n'a jamais vécu de vrai drame si ce n'est la rupture de ses parents et que même ça, il s'est fait à l'idée que son père était un connard fini. Alors bon, ouais, Sacha, on sait pas trop ce qui le préoccupe. Il écoute Aaron, ça le fait sourire toutes ces histoires de nana, tous ces prénoms de filles qui se croisent et il se demande bien comment il fait pour ne pas perdre totalement la tête. Et puis il y a un prénom qui sort du lot. Un prénom, prononcé si vite, mais qui fait oublier tout le reste, qui éclipse les autres. Sacha il a l'impression que son coeur a loupé un battement, ou il sait pas trop, mais il a ressenti un truc étrange, c'est curieux. Andrée ? Qu'est-ce qu'elle vient foutre dans le bordel sentimental d'Aaron au milieu de toutes ces nanas ? Sacha perd un peu le fil, il n'a pas vraiment entendu la fin de l'histoire de son pote, il essaye de comprendre, sa clope se consume entre ses doigts et Aaron vient le ramener à la réalité. Il lui demande à quoi il pense. Sacha secoue un peu la tête pour reprendre ses esprits. " ... Qu'est-ce que tu veux dire quand tu dis que t'as croisé la route d'Andrée ? Enfin, tu la vois souvent, non ? Vous êtes... potes ? " ouais, parce que ça l'intrigue vraiment cette histoire d'Andrée qui débarque sur sa route. Finalement, il balance sa clope par dessus le toit sans même se soucier d'où ou sur qui elle pourrait tomber là en bas. Il reboit du rhum, termine presque son verre en quelques gorgées. Sacha repense à la dernière fois qu'il a vu Andrée, quand elle l'a accueilli chez elle seins nus et il en vient à se demander si elle accorde le même genre de traitement à Aaron. " Tu couches avec elle ? " demande-t-il finalement. Ca sort tout seul, quand il la revoit devant ses yeux, et quand il pense à ce qu'Aaron vient de lui dire, il ne peut pas s'empêcher de se poser la question.

sa question te perturbe légèrement. bien sûr que tu la vois souvent andrée, c'est ta pote. bien sûr qu'elle est ta pote, mieux, elle est ta perle, ce petit diamant brute qui ne demande qu'à être poli. c'est plus que de l'amitié, en même temps, tu ne pourrai faire autrement avec andrée, c'est une merveille et une passion à elle seule. seulement, tu regardes sacha, et t'hausses les épaules. « bah ouais, on est pote, t'es bien placé pour le savoir, c'est quoi cette question bizarre que tu poses là ... » tu te poses pas plus de question, tu reprends ton verre, tu le vides d'une traite et tu te resserres une bonne dose. seulement, la question suivant t'interroge réellement sur le blond. sérieusement il pose ce genre de question, qu'est-ce qu'il veut savoir au juste ? il couche avec aussi ? t'as l'doute du coup, tu te demandes. « ça arrive oui. » t'es franc, t'es honnête, tu vas pas lui mentir, pas à sacha. c'est normal, c'est ton pote et tu ne peux pas lui mentir, encore moins si t'es bourré en fait. « pourquoi ? pourquoi tu me demandes ça ? » tu poses la question  voix basse, comme si elle était plus pour toi que pour lui en fait mais tu la poses quand même. « j'veux dire ... tu couches avec elle ?  » et tu sais pas pourquoi t'as ce sentiment bizarre, trop bizarre, du coup, tu le regardes le blond, et tu tentes de comprendre ce qu'il est en train de se passer sauf que c'est impossible. t'arrives pas à réfléchir. « y'a quelque chose qui te dérange ? » Là tu te rend compte de quelque chose, mais t'arrives pas à mettre de mot dessus, c'est  comme impossible. t'es trop loin, trop bourré ... pire, t'es out. t'as dit une bêtise ? t'as peut-être dit quelque chose qu'il ne fallait pas, quelque chose qui ne devrait pas être révélé. mais tu l'as dit, tu l'as dit et t'es pas bien. est-ce que c'est mal ce que tu fais ? est-ce qu'il ressent quelque chose pour andrée ? plus que toi ? autant que toi ? est-ce que tu vas devoir changer ? est-ce que t'arrives à réfléchir à quelque chose de censé ?

L'atmosphère a bizarrement changé en quelques secondes. Il a suffit qu'il prononce le prénom d'Andrée pour que Sacha se pose subitement des questions et au final, Aaron a l'air aussi paumé que lui. Il regarde son verre de rhum en se disant qu'il devrait finalement peut-être pas trop en boire, parce que le rhum ça a tendance à rendre les gens soit totalement fou, soit totalement triste, et là, vue la tournure que prend la conversation, il sent que quelque chose va se produire. C'est une rupture dans le temps, un changement de cap. Depuis qu'il connait Aaron, il ne s'est jamais vraiment posé de la question de savoir quelle relation ce dernier pouvait entretenir avec Andrée, mais maintenant il se la pose. Aaron lui répond, lui demande pourquoi il pose une question bizarre, mais Sacha, il ne trouve pas que sa question soit bizarre. Justement. Il la trouve assez approprié. " Je sais pas, tu me parles des nanas que tu vois et tu places Andrée dedans, alors c'est pour ça, je voyais pas trop ce qu'elle venait foutre au milieu de toutes les autres, " son raisonnement se tient, il en est sûr, et il sent qu'il a déterré quelque chose. Aaron lui annonce qu'il couche effectivement avec Andrée et Sacha a un peu de mal à cacher sa surprise. Il fixe longuement son ami qui se met à son tour à lui poser des questions et, il ne sait pas trop pourquoi, mais subitement, il trouve la situation plutôt comique. Enfin. Il rit un peu jaune, parce que dans le fond, ça le fait qu'à moitié marrer. Il termine son verre de rhum et reprend la bouteille pour s'en resservir. Sacha reste silencieux un moment à se demander s'il doit dire la vérité ou mentir, il se frotte le menton et retourne finalement son regard vers Aaron. " Non y a rien qui me dérange, je trouve ça... ironique, " ironique, c'était bien le mot. Il soupire légèrement. " Enfin j'imagine que tu devais quand même te douter qu'elle et moi on était plus que potes, ou peut-être pas, vu que moi au final, je me doutais pas du tout que vous l'étiez aussi, enfin bref, peu importe... " Il n'a pas envie d'entrer en conflit avec Aaron, au final, il en veut plutôt à Andrée de mettre leur amitié commune en danger en jouant sur plusieurs tableaux. Dans plusieurs lits. " Tu crois qu'on peut aimer plusieurs personnes en même temps ? " demande-t-il alors, ce n'est pas totalement hors sujet, ça sort un peu comme ça, simple question qui pourtant au moment actuel prend un poids assez important. " Andrée est pas le genre manipulatrice, si elle fait ça avec nous deux c'est probablement parce qu'elle est... Andrée, et qu'elle trouve pas dérangeant de se taper deux types qu'elle a présenté l'un à l'autre et qui sont devenus super potes... T'en penses quoi ? " il n'a pas quitté Aaron des yeux et une forme de bienveillance brille dans ses pupilles, il est encore calme et bien que ses pensées sont troubles et qu'il pense à pas mal de choses en même temps, il a envie d'écouter ce que ressent son ami vis à vis de tout ça.